A l'occasion de sa nouvelle exposition solo "MechanimAiles", ARDIF a répondu à nos questions.
Street artiste très inspiré par la nature, ses influences Jules Verniennes jusqu'au Steam Punk passant par l'architecture utopiste, rendent compte d'un travail qui manifeste du respect de l'équilibre entre imaginaire et réalité.
Ardif © Tous droits réservés
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MechanimAiles au Lavo//matik
Du 14 septembre au 28 septembre 2018
Du mardi au samedi - 13H - 19H
20 Bd du Général Jean Simo - 75013 Paris
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Peut-on dire que ton travail reflète un besoin de retourner vers nos instincts sauvages finalement… ? Ou a-t-il une autre signification ?
En quelque sorte oui, c'est vrai qu'au sein de la ville, même si les nouvelles politiques, les nouvelles envies ont tendance à nous ramener vers la nature, on la perd et moi je l'ai perdue à vivre en milieu urbain. C’est une manière pour moi de garder cette connexion.
Tu joues aussi beaucoup sur la symétrie.
Cette dualité, quasi mathématique, est-elle universelle, ou est-elle plutôt une recherche d’équilibre ou exprime-t-elle autre chose ?
En fait la symétrie c'était le premier travail que j'avais fait ça me permettait, notamment au début, de travailler dans une composition facile. J'arrivais vraiment à me projeter dans la composition sans trop de difficultés et je pouvais vraiment jouer sur les contrastes et c'est vrai que, par la suite, j'ai pris des animaux de profil pour justement chercher de nouvelles idées à travers ça. Mais l'idée effectivement, même si je suis dans l'asymétrie, c'est toujours de garder un 50/50 de partie mécanique et de partie animale.
Il s'agit d'un dialogue et d'un équilibre à trouver avec la nature. Il est évident que l'humanité ne peut pas se priver d'un progrès technique, c'est indispensable. Mais si l'un prend le pas sur l'autre, c'est l'effondrement, il y a un problème et on voit tout de suite que la chose ne fonctionne plus. C'est aussi pour ça que les gens qui voient les dessins s'imaginent eux-mêmes la suite de l'animal dans la partie mécanique et vice-versa, ils s’imaginent la suite de la partie animale dans la partie mécanique. C'est pour ça que cette symétrie, cette dualité et cet équilibre, me permettent vraiment de jouer avec les deux univers.
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Tu as des projets / des idées de collaboration dans la rue ou en atelier ?
J'ai toujours pleins de projets et puis les projets en amènent d'autres. Là mon expo vient d'ouvrir au Lavo//matik, j'y ai abordé le thème des animaux volants aussi bien sur les animaux fantastiques (dragons et phénix), mais aussi des insectes, des oiseaux. Voilà pour cette première étape après je vais être à la Foire d'Art urbain District13 à Drouot. Il y a d'autres événements de prévus et j'espère un grand mur d'ici la fin de l'année.
Et pareil pour 2019 j'ai déjà pas mal de projets qui se décident. Après, en termes de collaboration, j’en ai beaucoup qui sont amenées à se faire, mon style se prête à la collaboration et mon but c’est d'hybrider le travail des autres avec mes architectures mécaniques. Là j’en ai plusieurs sur le feu notamment avec des artistes que j’aime beaucoup. J’ai aussi un autre projet pour le cancer du sein, un projet caritatif où je travaille sur une oeuvre, en binôme avec une personne qui a vécu cette maladie.
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Qu’est ce qui est le plus intéressant pour toi dans la création de contrastes ?
Ce que j’aime c’est créer l'étonnement. Il y a un côté où on va reconnaître l’animal et l’autre côté où il y a une espèce d’accident, de surprise, d’anormalité qui finalement nous paraît naturelle avec une part découlée du dessin initial. Les gens se sentent à la fois un peu dérangés, et en même temps, cela leur semble normal, naturel et c’est cette ambiguïté qui est entretenue dans le contraste entre les deux univers, entre l’univers naturel et l’univers mécano-architectural. J’aime bien cette ambiguïté.
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Pourquoi la rue comme terrain de jeux ?
Alors déjà parce que le street art m’a toujours fasciné et m’a toujours inspiré même si je ne savais pas trop comment m’en emparer. En fait la rue c’est encore un lieu de liberté où l’on peut s’exprimer donc j’avais vraiment envie de me lancer là-dedans, d’arriver à faire une espèce de safari urbain en créant la surprise de découvrir l’animal au coin de la rue.
À l’époque j’ai aussi vécu les attentats de Charlie Hebdo un peu comme une tentative de privation de liberté d’expression. On avait tué des gens dans la rue et en 2015 c’était pareil, j’avais l’impression qu’on m’empêchait d’investir la rue, le lieu où on vit, et j’avais besoin d’exprimer quelque chose en lien avec ça.
Ça a clairement été un élément déclencheur pour toi…
Oui, ça a été quelques mois plus tard. Moi j’ai commencé à coller en septembre 2016 et les attentats de 2015 étaient arrivés quelques mois avant. J’ai pris le temps de faire mûrir tout ça et trouver le concept parce que j’avais vraiment envie de le faire.
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Tu as eu ton exposition personnelle au Cabinet d’Amateur, axée sur l’univers marin.
Tes créations sur la palissade du Musée de la Poste étaient, quant à elles, plus axées sur l’univers terrestre.
D’où ma question : plutôt terre ou plutôt mer ?
Je pense plutôt terre dans le sens où je suis un terrien mais j’ai un rapport très fort à la mer. J’ai de la famille en Bretagne, j’y vais depuis que je suis tout petit, j’ai toujours été en vacances au bord de l’eau. Après je n’ai jamais appris à naviguer, je sais nager mais niveau primaire (rire). J’adore la mer, elle me fascine mais j’ai l’impression de ne pas vraiment y avoir accès. C’est pour ça que je pense être plutôt terrien dans l’usage, juste dans l’imaginaire peut-être un peu plus mer mais elle reste aussi fascinante que la terre.
Et en parlant de mer est ce qu’on peut dire que l’univers de Jules Verne t’aies influencé ? Lui aussi aime beaucoup la mécanique…
Oui, l’univers de Jules Verne d’ailleurs c’était une des pistes pour ma première expo, j’avais demandé à un amateur de street art qui écrit pas mal (Yowino), de me faire un texte à la Jules Verne, d’un explorateur qui découvre l’univers sous-marin, aquatique et mécanisé comme si ça faisait partie d’une évolution de l’espèce marine. Il y a aussi le Steam Punk et toute la mythologie qui découlait des récits de Jules Verne qui m’ont clairement inspiré.
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As-tu d’autres sources d’inspiration ?
Oui il y en a beaucoup. J’ai beaucoup été influencé par les films de Miyazaki quand j’étais jeune et même aujourd’hui. Je me suis beaucoup abreuvé de pop culture, de fiction et de fantaisie.
J’ai aussi visité des lieux comme les Machines de L’île à Nantes et ça aussi forcément ça m’a influencé de voir ces grands animaux mécaniques qui sont complètement fous et improbables. J’ai également fait des études d’architecture et j’ai pu étudier pas mal de courants architecturaux et certains architectes utopistes comme Constant ou Lebbeus Wood. Ils font des architectures où il y a un peu cette perte de contrôle de la forme architecturale mais toujours avec cohérence.
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