« Le plus important c’est de kiffer le moment présent ! » MG La Bomba est un artiste peintre-graffeur. Issu du dessin, MG a toujours été à la recherche de nouvelles techniques et c’est dans le graffiti, avec la bombe aérosol, qu’il s'est fait connaître. L’artiste a commencé en tant que vandal qui parcourait les rues et les voies ferrées pour y déposer ses créations signées de « La Bomba ». Entre lettrage 3D, paysages et divers styles, ce graffeur de région parisienne varie son travail et fait évoluer son style. MG La Bomba aime le défi et se nourrit de ses rencontres, collaborations et de tout ce qui l’entoure : « partout, je suis observateur, tout m'inspire ». « Il y a toujours du kiff… C’est marrant, je ne pensais pas que le graffiti allait m’amener en galerie… » Après la Galerie Nunc pour son premier solo show, MG ne s’en arrête pas là et nous réserve de belles surprises à venir !
Comment est venu cet intérêt, pouvons-nous dire passion, pour l’Art et particulièrement le Street Art ? Comment vous êtes vous lancé dans le graffiti ?
Le graffiti m’est venu instinctivement, en regardant les anciens graffeurs, les magazines hip hop... J’ai eu la chance d’avoir le don du dessin depuis petit, c’est dans mes gènes... La rue c’est autre chose. C’est l’adrénaline de la création : une thérapie.
Des rencontres qui vous ont soutenus, influencés dans cette voie créative ?
Toutes les rencontres que j’ai pu faire, dans et/ou en dehors du graff,m'ont apportées quelque chose. Au quartier c’était toujours du défi avec tout le monde, on devait montrer ce dont on était capable.
Pouvez-vous nous expliquer votre processus créatif... Préparez-vous votre travail avant de le poser dans la rue ou est-ce uniquement du freestyle ?
Je travaille énormément à l'instant T ! Je suis un autodidacte, mes idées se construisent automatiquement dans ma vision.
Quelles émotions voulez-vous susciter chez les passants ?
J’ai toujours montré que malgré l'image du graffeur, de la dégradation, on est capable de faire des belles choses, montrer l'exemple de l'art de rue...
Comment définiriez-vous votre style ?
Je varie beaucoup sur mon travail, du lettrage 3D, du paysage urbain ou naturel, mon logo (la bomba) j’ai tout plein de styles, c’est comme ça que j'évolue.
Comment votre style a-t-il évolué depuis vos débuts ?
Dans tout les sens, par période et par pas mal de tests. J’évolue tous les jours parce que chaque œuvre est un défi, une expérimentation évolutive !
Pouvez-vous nous parler de vos premiers travaux ? (lieux, médiums, murs, trains)
Le quartier a souffert avec moi au début. Plein de tags, plein de merde ! C’était mes débuts puis je suis allé sur la voie ferrée : un terrain de jeu énorme, des murs, des trains, des blocs électriques... J’ai adoré ces moments où tu es tout seul avec tes bombes à peindre !
Il n’y a pas de graffiti parfait, chacun son truc, chacun son style.... le plus important c’est de kiffer le moment présent !
Un souvenir/anecdote que vous souhaiteriez partager avec nous ?
J’en ai plein mais j’avoue que j’adorais savoir que les flics n’étaient pas loin derrière moi, mais qu’ils s'arrêtaient bien avant moi ! J’aime savoir qu’ils sont désespérés de pas me choper. C’est juste que j’avais plus de courage qu'eux à faire des km à pied sur la voie ferrée !
Partout, je suis observateur, tout m'inspire. Un beau paysage, un beau visage, la musique…
Des artistes qui vous ont particulièrement marqués ?
Les impressionnistes pour la peinture. Pour le graff, y avait les CP5 ( shun, obsen...) qui m’ont fait kiffer la bombe puis Jaze, mon pote, qui m’a énormément appris… puis plein d’autres par la suite !
Pouvez-vous nous en dire plus sur la « petite bomba » ?
C’est un logotype, mais je l’ai rendu vivant avec le temps : très carré au départ puis stylisé maintenant. Je la mets en situation. Un logo simple et efficace, qui peut être fait entre deux lettrage et même les colonnes ! Bref c’est parfait pour ce que je voulais montrer en vandal...
En quittant votre ville d'origine, vous êtes devenu ce que l’on appelle un « vandal », ce qui vous a causé une arrestation en Mai 2013. Comment cela a-t-il influencé votre parcours/expression artistique ?
C’est à ce moment là que j’ai commencé à me montrer dans Paris, j’étais un vandal assez caché au départ. En fin de compte c’est mon arrestation qui m’a bizarrement donnée une cote artistique au mètre carré !
Que pensez-vous de la « démocratisation de l’Art urbain » ?
Ca dépend, le mouvement avance avec des œuvres vendues en galerie, des projets avec les mairies ou des organismes. C’est devenu un gros marché mais derrière on a des lois beaucoup plus dures, beaucoup moins de terrain d'entrainement.
Très actif sur la scène Street Art, vous avez participé au projet BLACKBOOK, avez fait partie de l’exposition « Prix Graffiti » à la fondation EDF et exposé à la Galerie Nunc Paris en avril dernier avec des rencontres organisées ! Comment avez-vous vécu ces expériences ?
C’était trop bien de montrer ses œuvres ! De voir la réaction des gens, leurs ressentis. Nous sommes tous différents là dessus donc ça m’a permis de m'ouvrir à d’autres horizons.
Qu’appréciez-vous dans les collaborations ?
Le défi de respecter le travail des autres. Dans une collab, tu es obligé d’équilibrer les formes, les couleurs sur un style qui n'est pas le tien...
Vous semblez être également proche du public, quelle relation avez-vous avec les gens qui vont découvrir vos œuvres ?
Ils voient que je suis un passionné, je parle avec le cœur et non le porte-monnaie, ils m'apprécient beaucoup pour ma gentillesse, mon naturel et ma simplicité. Je reste comme je suis car je suis bien dans ma tête, je kiffe ma vie !
Quel point de comparaison faites-vous entre l’approche artistique en galerie et dans l’espace urbain ?
Ce n’est pas la même démarche ! Mais il y a toujours du kiff... c’est marrant, je pensais pas que le graffiti allait m'amener en galerie.