QUELQUES DE MOTS DE LA REALISATRICE, SOPHIE BLONDY :
D’où vous est venu le désir de réaliser ce film ?
C’est toujours très mystérieux l’idée qui fait naître un film, c’est quelque chose qui nous échappe complètement. J’avais très envie de réaliser une forme de conte, quelque chose de magique. L’idée d’un destin, d’un «après», d’un au-delà dans la vie m’a toujours touché. Je souhaitais mettre en scène cette possibilité qu’une étoile ou qu’un « ailleurs», donne un sens à notre vie quotidienne et terrestre.
Le film a été entièrement tourné dans le Nord-Pas-de-Calais, tout le long de la côte d’Opale. Qu’est-ce que cette région évoque pour vous ?
Je suis originaire de cette région. J’y ai passé une grande partie de ma vie, tout comme ma famille. C’est donc un lieu que je connais et qui a tenu et tient toujours un rôle affectif important dans ma vie. Ensuite, je trouve qu’il y a encore dans les paysages du Nord, dans ces dunes, quelque chose de très virginal. Dans ce pays des vikings, on ne sait pas où on est, ni à quelle époque. Il y a cette impression de puissance céleste de l’univers qui est intemporelle. Ce sont les éléments qui nous dirigent : le vent, la mer, le ciel, influencés par les marées...
L'Etoile du jour © Tous droits réservés
Le film se passe dans un cirque itinérant. Qu’aviez-vous envie de créer ?
Un cirque itinérant évoque à la fois la magie et la monstruosité. Il faut voir ici une métaphore de la vie : l’image du monde tout simplement, montrer le beau comme le pire, le danger, les rêves et les illusions. L’itinérance aussi car, à la base, nous sommes tous des nomades de pas- sage sur cette terre...
L'Etoile du jour © Tous droits réservés
Pour quelles raisons avez-vous décidé de faire appel à un tel casting, si éclectique et électrisant ?
La première personne à laquelle j’ai pensé était Denis Lavant, une rencontre naturelle et très enrichissante. Puis très vite, l’idée d’Iggy Pop comme Conscience, « moi suprême », fit son chemin. Quand on prépare un film, les idées s’imposent à vous, tout comme les acteurs. On se réveille un matin et on se dit : oui, c’est lui.
Pour Iggy Pop, c’est suite à une affiche vue dans la rue. Ce fut comme un flash, une révélation, une évidence flagrante et fulgurante. Cette même forme d’évidence que l’on retrouve en amitié ou en amour, lorsqu’on sait instinctivement qu’il s’agit de la bonne personne.
Je connaissais Tchéky Karyo depuis plusieurs années et l’idée de lui confier le rôle d’Heroy, le directeur du cirque s’est imposée à moi. Il en fut de même pour Natacha Régnier, et sa pureté lumineuse et aussi pour les autres acteurs.
C’est étonnant comment tout ce processus s’est mis en route, ce côté initiatique et mystique. Ceci donne lieu à des moments magiques, illuminés par des coups de pouce de la vie qui vous permettent de croire que tout est possible. Je suis très sensible aux signes de la vie. Un jour, rêvant au rôle de la gitane, le visage de Béatrice Dalle m’ est apparu : sa force, sa beauté et son talent. Un peu plus tard dans la journée, un ami m’ a tendu un magazine dont Béatrice Dalle faisait la couverture. J’ai pris ça comme une confirmation, une évidence. Des évidences donc, comme si nous étions guidés. Comme dit Goethe « faire le premier pas en avant et laisser la providence éclairer le chemin». Il faut se donner l’autorisation d’y croire.
L'Etoile du jour © Tous droits réservés
Comment s’est passé la direction des acteurs ?
La direction des acteurs est quelque chose de vraiment passionnant. Voir les personnages naître à travers des acteurs est un moment très épanouissant et enrichissant. C’est la possibilité de voir son projet s’incarner et devenir réel. On rentre dans une autre dimension.
La direction est un moment très particulier pour le réalisateur car c’est à lui d’orchestrer toute l’équipe à jouer la partition commune. Ainsi se dépasser ensemble pour faire naitre le film. La confiance permet de créer quelque chose d’unique et sacré. Chaque acteur se dirige de manière différente, et il n’est pas toujours nécessaire d’expliquer. Le lien invisible est le plus fort. Se comprendre sans se parler, c’est le plus beau.
L'Etoile du jour © Sophie Blondy
La musique tient une place très particulière dans votre film...
Tout est question de rencontres et dans le cas du film, de plusieurs rencontres. Tout d’abord, Jim Peuvrel, qui avait déjà travaillé sur mon premier film. Puis Iggy Pop, qui avait très envie de m’aider, tout comme le saxophoniste des Stooges, Steve MacKay. Ils m’ont ainsi proposé d’uti- liser des morceaux originaux de leur composition. Plus tard dans l’aventure, j’ai rencontré le jeune compositeur Mathieu Gauriat qui est aussi devenu le directeur musical.
L'Etoile du jour © Sophie Blondy
L’«étoile» est un des grands thèmes du film : il apparait dans le titre, dans les dialogues etc. Quelle signification ce mot a-t’il pour vous ?
L’étoile... Il y a l’expression «être né sous une bonne étoile». Les étoiles, on les regarde, on les observe, elles sont présentes le jour, même si on ne les voit pas. L’étoile est un symbole, quelque chose qui nous guide et que nous suivons comme l’étoile de David ou « l’étoile du berger. Dans le film, j’ai voulu partir du symbole onirique suivant : le fait d’absorber l’étoile invite Elliot (Denis Lavant) à renaître à lui-même. La « Conscience » jouée par Iggy Pop permet à Elliot de revenir à la vie et de se dépasser, de traverser ses peurs et ses démons intérieurs.
RENDEZ-VOUS LE 28 SEPTEMBRE EN SALLES